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Mélange des genres

Une selection de courts-métrages

Lycéens et apprentis au cinéma 2022-2023

Une expérience sensorielle dans la peau d’un voyeur

On serait bien en peine de définir précisément le sujet de Riviera, qui appartient à une catégorie de films qu’on qualifie parfois « d’ambiance », « d’atmosphère ». Des qualificatifs bien vagues, auxquels on a tendance à se raccrocher dès lors qu’un récit s’éloigne de la dramaturgie usuelle : un personnage rencontre un problème, le résout, et ressort de l’expérience transformé. Or, dans Riviera, tout semble au contraire prisonnier d’un état stagnant : le bourdonnement des cigales est perpétuel, les événements se répètent, et le récit se retrouve à faire du surplace, comme transi par la chaleur de l’été. Rendre compte de cette chaleur — une chaleur si écrasante qu’elle parait mettre le monde sur pause — est l’un des enjeux les plus prégnants du film, qui privilégie donc au registre de la narration celui de l’observation. Observation d’un microcosme à la fois grouillant et à l’arrêt, qu’on ausculte majoritairement depuis le point de vue du mystérieux M. Henriet. Tapi dans l’ombre de son appartement, ce vieillard solitaire épie sans cesse l’environnement à travers des jumelles, qui lui permettent notamment de scruter les faits et gestes des autres résidents. Le film nous place régulièrement dans la position de ce « voyeur » mutique, sans qu’on ne sache jamais vraiment quelle curiosité ce retraité cherche à satisfaire. Mais peut-être, là encore, n’est-ce pas le sujet ? Plutôt que de faire référence à celui qu’on pourrait prendre pour le personnage principal, le titre Riviera renvoie ainsi au lieu, à cette résidence qui est comme un vivarium où cohabitent différentes espèces — insectes, animaux, hommes et femmes de tous les âges. D’une grande simplicité apparente, ce film d’animation est en fait plein de paradoxes. Par exemple, la moiteur et la torpeur de cet après-midi caniculaire se traduisent par un style graphique très froid — noir et blanc qui décline toutes les nuances de gris, traits fins et épurés, qui rapprochent le film d’un dessin au fusain, voire d’un croquis. Mais si son esthétique se veut minimaliste, épurée, Riviera dégage malgré tout quelque chose de charnel, d’organique — et notamment grâce au son, qui enveloppe d’une couche de vivant (chant des cigales, bourdonnement d’une mouche errante, chien qui aboie) ce tableau estival figé, où les effluves de vie et mort s’entremêlent pour composer une troublante expérience sensorielle.

RIVIERA

Fiche technique

2018, 15 min, France
Format : 1.85:1 - noir et blanc
Réalisation : Jonas Schloesing
Production : Ikki Films
Comédiens : François Small (M. Henriet),
Laura Fix (Lucie)

 

 

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Le réalisateur

Jonas Schloesing entre en 2007 à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, où il intègre la section d’animation. Durant cette formation, il réalise plusieurs films d’animation, dont son court métrage de fin d’étude, Je ne suis personne, qui sera sélectionné dans plusieurs festivals. Tout en concevant ses propres films, Jonas Schloesing continue de collaborer comme animateur sur d’autres projets. Riviera est son premier film réalisé hors cursus scolaire.

L'analyse de séquence

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