Les héritiers
France / 2014 / 105' / Fiction documentarisée / Format Scope / Couleur
Lycéens et apprentis au cinéma 2023-2024
L'histoire
Au Lycée Léon Blum de Créteil, une professeure décide de faire passer à sa
classe de seconde la plus faible, le Concours national de la Résistance et de la
Déportation. Cette initiative ne sera pas sans conséquences…
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Fiche technique
Réalisation Marie-Castille Mention-Schaar
Scénario Ahmed Dramé
et Marie-Castille Mention-Schaar
Directrice de la photographie
Montage Benoît Quinon
Avec Ariane Ascaride, Ahmed Dramé,
Noémie Merlant ...
Distribution France TF1 vidéo
À vous de chercher sur l'affiche
1. Que représente la scène ? Quels éléments nous indiquent que nous sommes en présence d’élèves ?
Que déduisez-vous du fait qu’ils soient assis autour d’une table ?
2. Comparez les deux personnages principaux (âge, sexe, taille, statut, vêtements…).
Leur position debout laisse imaginer un conflit, à quoi voyons-nous que c’est le contraire ?
3. Quel rapport faites-vous avec le présent et les photos en noir et blanc, sur le mur ?
À votre avis pourquoi cette image est-elle placée entre le regard des deux personnages principaux et
entre le groupe d’élèves et le titre ?
4. D’après vous qui sont les héritiers ? De quel cours s’agit-il d’après la phrase d’accroche ?
Naissance du film
Marie-Castille Mention-Schaar songe dans sa jeunesse à devenir médecin, puis se tourne vers des études de journalisme. Dans les années 1990, elle s’intéresse de plus en plus au monde du cinéma. Elle crée deux sociétés de production, Vendredi Film et Loma Nasha Films. Ayant appris le métier de productrice en côtoyant les milieux de la création, Mention-Schaar investit de nouveaux territoires. Elle s’essaie d’abord à l’écriture.
Elle signe en 2009 le scénario de La Première étoile réalisé par Lucien Jean-Baptiste qui connait un grand succès, ce qui la conforte dans cette nouvelle activité. Puis en 2011, elle se lance elle-même dans
la réalisation. Cela donne Ma Première fois, suivi en 2012 puis Bowling (2012) une comédie sociale inspirée
d’un fait divers, Le ciel attendra (2016), A good man (2020) et Divertimento (2022).
La même année, la réalisatrice est contactée par Ahmed Dramé, qui a été touché
par son premier film, Ma première fois. Il s’est partiellement reconnu dans le personnage turbulent
et mauvais élève de Zach. Il soumet à Mention-Schaar l’ébauche d’un scénario tiré de son expérience au lycée Léon Blum de Créteil en 2009. Son canevas traite d’une classe de seconde qui participe
à unconcours d’art et de lettres sur le slam. L’idée semble bancale à Mention- Schaar, mais elle est surprise
de voir qu’un adolescent issu des quartiers sensibles est capable d’écrire une histoire positive. Ahmed lui révèle, qu’en fait, le véritable concours portait sur un tout autre sujet. Anne Anglès, leur professeur
d’histoire avait inscrit la classe, connue comme la plus difficile du lycée, au Concours national de la Résistance et de la Déportation, avec un sujet sur la Shoah : « Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi ». La classe d’Ahmed avait remporté le concours dans la
deuxième catégorie : « Réalisation d’un travail collectif ». Marie-Castille Mention-Schaar, subjuguée, veut filmer cette histoire. Elle prend contact avec cette enseignante atypique qu’est Agnès Anglès. « Elle était très surprise qu’un de ses élèves soit à ce point porté par l’année qu’ils avaient passée ensemble », se souvient
la cinéaste, et surtout que cet élève soit précisément Ahmed, un de ses élèves les plus dissipés. « On avait peur de ne pas être à la hauteur », rapporte Ahmed. « Assez vite, on a senti qu’on lui “devait” le concours.
Il fallait qu’elle soit fière de nous. On allait bosser ». La réalisatrice et Ahmed, écrivent ensemble le scénario des Héritiers, intitulé d’abord La Morale de l’Histoire. Sur le casting, la réalisatrice convainc Ariane Ascaride de jouer le rôle d’Agnès Anglès (Anne Gueguen dans le film). Ahmed est un peu âgé, quatre ans après
le concours, pour jouer un élève de seconde, mais il est le coeur du projet. La réalisatrice lui promet le rôle
à condition qu’il obtienne le bac, ce qu’il fit.
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Les héritiers
La suite
Lycéens et apprentis au cinéma 2023-2024
Mise en scène
La classe de seconde de Mme Gueguen, constitue le cadre essentiel de la mise en scène. La vie en dehors de l’établissement n’en est qu’un prolongement pédagogique où chaque sortie (église, Mémorial de la Shoah…) jauge l’unité du groupe pour un projet commun. De rares scènes donnent un bref aperçu de l’intimité de quelques élèves (Max, Malik, Mélanie). L’ école est aussi la caisse de résonance des points de tension de la société multiethnique et multiconfessionnelle, comme le montre la scène qui ouvre le film sur une querelle
autour du port du voile islamique à l’école. Le champ-contrechamp entre les raisons respectables de la bachelière et les raisons légales énoncées par la CPE et le proviseur du lycée instaure d’emblée un principe de neutralité. En prenant soin de rappeler le principe de laïcité qui encadre l’école, la réalisatrice
sous-tend l’esprit républicain dans lequel elle inscrit son film.
La classe de Mme Gueguen, est celle d’un lycée de banlieue, à l’atmosphère parfois houleuse, aux comportements décomplexés. Trois caméras, placées en différents points de la classe multiplient les axes de vue et créent un effet dynamique, tendu, nerveux au diapason des tensions générées par le contexte spacial et humain. Le zoom de la caméra saisit un mot, une réaction au vol. Le montage est rapide, la durée des plans souvent courte, l’image tremblante. En amorce du cadre, les corps renforcent le sentiment d’immersion dans l’espace du cours. Cependant, l’école est aussi et surtout un lieu d’apprentissage où peut naître un projet de concours sur l’Histoire. Pour ces élèves de seconde, ce projet trouve sa signification par le contact direct, tout d’abord par la visite au Mémorial de la Shoah, et surtout par la présence dans leur école de Léon Zyguel, rescapé d’Auschwitz. Il incarne le lien entre l’Histoire et le présent, la fiction et la réalité. Vécue comme un rite de passage, cette rencontre avec l’histoire et la mémoire de l’humanité est empreinte d’une profonde émotion qui se traduit par des plans mettant l’accent sur leurs yeux, leur regard.
Autour du film
Léon Zyguel
Léon Zyguel est né à paris en 1927 de parents juifs polonais émigrés
enFrance. Son père est arrêté à Paris, en 1941. Lui-même, et le reste de sa famille le sont, un an plus tard, alors qu’ils tentaient de passer en zone libre. Transféré à Drancy, il y retouve son père. Déporté au camp d’Auschwitz, il est affecté à divers travaux comme enterrer les morts. Il est évacué d’Auschwitz en 1945, et connaît ce que l’on a appelé “les marches de la mort”. Pendant douze jours, sans aucune nourriture et par moins quinze degrés, les prisonniers ont marché jusqu’au camp de Buchenwald. Zyguel et son frère sont sauvés par la résistance intérieure
du camp. En avril 1945 il participe à l’insurrection et à la libération du camp. Il est témoin à charge lors du procès de Maurice Papon condamné en 1998. Il témoignera pour perpétuer la mémoire
de ce qu’il a vécu dans les camps de la mort jusqu’à son décès en 2015.
À vous de chercher dans la séquence
1. À votre avis, dans quel endroit se déroule la scène ? (Regardez le décor, les personnages).
2. (Plan 2b) Pourquoi certains élèves tournent-ils la tête ? (Plans 5b à 7) Comment les salue le vieil homme ?
Décrivez son expression ?
3. (Plan 10) Comment se comportent les élèves ?
4. (Plans 11 à 19) Comment comprenez-vous l’alternance entre les plans montrant le vieil homme et ceux
montrant les élèves ?
5. (Plans 20 à 102) Quels sentiments expriment la succession de ces plans rapprochés ?
6. (Plans 109 à 115) À quoi voyons-nous que le texte lu par Léon Zyguel est d’une grande importance ?