J'ai perdu mon corps
France / 2019 / 81' / Animation / 2.35 / Couleur et noir et blanc
Lycéens et apprentis au cinéma 2023-2024
L'histoire
Échappée d'un laboratoire, une main coupée part à la recherche de son propriétaire, Naoufel, un jeune homme timide. Au cours de son périple à travers la ville, elle se remémore le fil des événements qui ont mené à l'accident.
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Fiche technique
Réalisation Jérémy Clapin
Scénario Jérémy Clapin, Guillaume Laurant, d'après le roman Happy Hand de Guillaume Laurant
Storyboard Jérémy Clapin, Quentin Reubrecht,
Julien Bisaro, Maïlys Vallade, Loïc Espuche
Musique Dan Levy
Son Manuel Drouglazet (sound design),
Anne-Sophie Coste (montage son),
Jérôme Wiciak (mixage)
Superviseur 3D Pierre Ducos
Animation David Nasser, Mathieu Chaptel
Compositing David Says
Décors Fursy Teyssier, Jeoffrey Magellan
Montage Benjamin Massoubre
« Je voulais qu'on
appréhende la réalité
du bout des doigts »
Jérémy Clapin
Un film d'animation pour adultes
Au cours de son histoire, le cinéma d'animation a souvent été conçu pour plaire à tous les publics, se destinant même majoritairement aux enfants
— notamment à travers les productions Disney. Cela tient en partie aux coûts de fabrication exorbitants de ces productions, qui rembourseront plus facilement leurs frais en attirant dans les salles des spectateurs de tous les âges. J'ai perdu mon corps fait à ce titre figure d'exception, puisqu'il a été délibérément pensé (par son réalisateur comme par son producteur) pour un public mûr. Ce parti pris est particulièrement sensible dans les pérégrinations de la main, ponctuées de fulgurances brutales et horrifiques qu'on retrouve davantage dans le cinéma d'épouvante. Plus globalement, et malgré son point de départ fantastique, le film assume une forme de réalisme graphique assez rare dans le cinéma d'animation — souvent tenté par les paysages grandioses, les personnages outrés et les couleurs vives. J'ai perdu mon corps décline a contrario un univers gris, urbain, contemporain.
Ce n'est plus le quotidien qui bascule dans l'exceptionnel, mais l'exceptionnel (une main vivante) qui bascule dans le quotidien, pour lui conférer une nouvelle envergure, une nouvelle intensité. Mais tout en revendiquant un style cru et âpre, le film assume clairement l'héritage du conte, déclinant des motifs (le deuil, l'orphelin, le poids du passé) que les studios Disney ou Ghibli n'ont eux-mêmes cessé de revisiter sur un mode féérique.
Annecy mon amour
Pour un fan de cinéma d'animation, le Festival international du film d'Animation d'Annecy est un haut lieu de pèlerinage, qui ne connait aucun équivalent dans le monde. Créé en 1960, il a permis à ce secteur très fragile (ou bien trop accaparé par les productions télévisuelles pour enfants) d'exister au fil des décennies dans toute sa pluralité de tons, de formes, d'économies — et notamment grâce à la mise en place, à partir de 1985, d'un marché du film particulièrement attractif. C'est en s'y rendant pour la première fois que Jérémy Clapin, alors étudiant aux Arts Décoratifs de Paris, décide de devenir réalisateur. Il répond quelques années plus tard à un appel à projet initié par le festival, qui lui permet de réaliser en 2003 son premier court métrage : Une histoire vertébrale. Quinze ans plus tard, le cinéaste revient à Annecy par la grande porte
de la sélection avec J'ai perdu mon corps, son premier long métrage, qui remporte le grand prix
et le prix du public.