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Mélange des genres

La fin

Lycéens et apprentis au cinéma 2022-2023

Un récit de transformation entre film d’horreur et teen movie

 

Jeune collégienne au style garçon manqué, Justine passe ses journées avec sa bande de copains à embêter les autres filles. Une nuit, celle qui se fait appeler Junior tombe malade et se retrouve obligée de rester chez elle. Mais la gastro-entérite qu’on lui a diagnostiquée s’accompagne de symptômes étranges : la jeune fille pèle, et elle découvre dans son dos une énorme entaille qui laisse entrevoir sa colonne vertébrale… Objet à la fois hilarant et écoeurant, Junior nous place dans l’intimité d’un corps qui se transforme. Le film s’amuse à exposer, en l’exagérant, tout ce que le quotidien d’un corps peut avoir de monstrueux, d’inquiétant, d’instable. Morceaux de peau qu’on arrache, colonne vertébrale qui transperce l’épiderme, sécrétions qui inondent le lit : le récit est généreux en petits événements organiques répugnants, qui ponctuent la mutation de Justine. Le corps s’y offre en spectacle en exposant tous ses accidents de parcours, avec pour effet de susciter le dégoût — mais aussi le plaisir — de son spectateur. Junior renvoie ainsi à un sous-genre du cinéma d’horreur qu’on appelle le body horror (qu’on pourrait traduire par : « l’horreur corporelle »). Plus précisément, Junior peut être vu comme une relecture adolescente d’un chef-d’oeuvre emblématique du genre, La Mouche (1986) de David Cronenberg, qui accompagne le calvaire d’un scientifique se transformant progressivement en mouche suite à une expérience. Sauf que la tragédie de la transformation, qui faisait disparaitre peu à peu l’humanité du personnage, devient dans Junior une découverte d’abord déstabilisante mais finalement heureuse de la puberté, qui va permettre à une jeune fille de conquérir sa féminité et de gagner en puissance. Au diapason de ce personnage en évolution constante, le film lui-même opère constamment des mues, glissant sans transition du teen movie au film d’horreur, du film d’horreur au film surnaturel, du film surnaturel à la comédie romantique. L’effroi y rencontre souvent le rire, comme pour signifier le mélange de violence et de cocasserie qui se joue constamment à cette période de l’existence.

JUNIOR

Fiche technique

2011, 21 minutes, France
Format : 1.85:1, couleur
Réalisation : Julia Ducournau
Production : Kazak Productions
Interprétation : Garance Marillier

(Justine/Junior),

Yacine N’Diaye (Karim),

 

 

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La réalisatrice

 

Après des études universitaires de lettres modernes et d’anglais, Julia Ducournau intègre en 2004 l’école de cinéma La Fémis dans le département scénario. En 2011, elle réalise son premier court-métrage professionnel, Junior, qui connait un certain succès à la Semaine de la critique de Cannes. On la retrouve cinq ans plus tard dans cette même sélection avec son premier long-métrage, Grave, dont le succès critique et public initie une ascension fulgurante. En 2021, Julia Ducournau remporte ainsi la Palme d’or avec son deuxième long-métrage, Titane.

L'analyse de séquence

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