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Elephant man

USA / 1980 / 124' / fiction / 35 mm / 2.35:1 / noir et blanc

Lycéens et apprentis au cinéma 2022-2023

L'histoire

 

Londres, 1884. Le chirurgien Frederick Treves découvre l’homme-éléphant, exhibé comme phénomène dans un spectacle forain. Moyennant finance, le médecin obtient du montreur Bytes de pouvoir emprunter sa créature pour étudier son cas et le présente à ses confrères à l’hôpital de Londres. Le jeune homme, qui s’appelle John Merrick, souffre d’une grave déformation du visage et d’une grande partie du corps. Lorsqu’il apprend qu’il est battu par Bytes, Treves décide de le prendre sous sa protection à l’hôpital. Il découvre alors que John est bien plus intelligent et sensible qu’il n’imaginait. Un gardien de nuit repère la présence de ce malade pas comme les autres...

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Fiche technique

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Réalisation David Lynch
Scénario David Lynch, Christopher De Vore et Eric Bergren d’après les livres The Elephant Man and Other Reminiscences de Frederick Treves et The Elephant Man: A Study in Human Dignity d’Ashley Montagu

Avec John Hurt, Anthony Hopkins, John Gielgud, Wendy Hiller

Image Freddie Francis

Montage Anne V. Coates

Musique John Morris

Production Mel Brooks (Brooksfilms), Jonathan Sanger, Stuart Cornfeld
Distribution France Carlotta Films

Cliquer sur l'image pour voir la bande-annonce

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L’étrange découverte

 

Elephant Man est le deuxième long métrage du réalisateur américain David Lynch, également peintre et photographe, souvent qualifié de cinéaste de l’étrange et admiré pour de nombreux films culte (Blue Velvet, Lost Highway, Mulholland Drive) ainsi que pour la série Twin Peaks. Tourné en noir et blanc, ce drame s’inspire de la véritable vie de Joseph Merrick (renommé John dans le film), qui était montré dans des spectacles de foire en Angleterre à la fin du XIXe siècle, à l’époque dite victorienne (qui correspond au règne de la reine Victoria). Cette période est marquée par la révolution industrielle et une exploitation intensive du corps des travailleurs. Le film nous amène ainsi à observer plusieurs réalités sociales, notamment celle des bas-fonds de Londres, tel que Charles Dickens a pu les décrire dans ses romans.

David Lynch, Tempête sous un crâne

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Cinéaste, peintre, musicien, photographe, aujourd’hui adepte de la méditation transcendantale, David Lynch

est un grand expérimentateur de formes, et à travers elles de la psyché humaine qu’il sonde en véritable plasticien. C’est par le prisme des arts plastiques que cet Américain, né en 1946 dans le Montana, arrive

au cinéma. Jeune étudiant en peinture à l’Art Institute of Philadelphia, il a, face à une toile noire qu’il réalise, la révélation d’une forme animée, la pousse d’une plante qui semble contenir symboliquement les germes de son désir de cinéaste. Ses premiers courts métrages (Six Figures Getting Sick, The Alphabet, The Grandmother) donnent vie à des mondes animés, bricolés et malades, peuplés d’étranges poupées humaines qui évoluent dans des espaces très théâtralisés ; certaines scénographies évoquent des tableaux de Francis Bacon.

Avant même la réalisation d’Elephant Man, Lynch s’intéresse à la question du monstrueux et met en scène

des créatures étranges, déformées, à l’intérieur de petits théâtres macabres qui témoignent déjà du goût

du réalisateur pour les scènes intérieures, imaginaires, conçues comme des antichambres de la conscience

et de purs espaces de création.

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Sources documentaires

 

Le médecin du film, Frederick Treves, joué par Anthony Hopkins (célèbre pour le rôle d’Hannibal Lecter dans Le Silence des agneaux) a réellement existé et pris sous son aile le jeune Merrick. Ses écrits sur le cas de l’homme-éléphant sont une source d’inspiration directe du film. Certaines scènes semblent transposées dans le film, comme celle de la première rencontre de Treves avec John Merrick : « Captive d’une boutique déserte, éclairée par la lumière ténue et bleuâtre du gaz, cette forme voûtée était une parfaite incarnation de la solitude. […] “Debout”, s’écria le propriétaire d’un ton rogue sur lequel il se fût adressé à un chien. La créature lentement se leva et laissa glisser à terre la couverture qui l’encapuchonnait. S’offrit alors à mes yeux l’être le plus répugnant que j’eusse jamais vu. »
Autre source documentaire du film : le moulage du visage du vrai Merrick, conservé au London Hospital Museum and Archives, a servi de modèle pour le maquillage de
l’acteur John Hurt, dont la transformation physique prenait au moins sept heures par jour.

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Des sons imaginaires et réalistes

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Inspiré de la réalité et nourri de références documentaires, le film est une oeuvre de fiction qui accorde aussi une grande place à l’imaginaire. Plusieurs univers s’entremêlent dans Elephant Man, d’abord marqué par l’empreinte visuelle et sonore d’images cauchemardesques, mettant en scène dès son prologue l’agression d’une femme par des éléphants. Le montage laisse même entendre qu’il s’agit d’un viol puisqu’il se clôt par le cri d’un nourrisson.

À plusieurs reprises, le film nous donne le sentiment d’entrer dans la tête de John Merrick, de plonger dans ses fantasmes, ses terreurs.

Cela passe par le travail sur la lumière, marqué par de forts contrastes, mais aussi par une bande sonore très expérimentale. Plusieurs sons se répètent tout au long du film, créant des résonances entre les corps et les machines. Ils participent à l’ancrage de l’histoire de Merrick dans une réalité sociale marquée par la révolution industrielle, l’exploitation de l’homme. Une attention pourra être apportée aux voix, souffles et cris qui circulent et racontent de l’intérieur la souffrance de l’homme-éléphant, et qui mettent en relief les formes d’animalité et d’(in)humanité en jeu dans le film.

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Regards, peurs et masques

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Où qu’il aille, qu’il ait le visage masqué par une cagoule ou découvert, l’homme-éléphant ne passe pas inaperçu et provoque un choc chez ceux qui le découvrent. Étude vertigineuse des regards, le film ne cesse d’observer des personnages spectateurs de John Merrick à l’intérieur de dispositifs scéniques comparables à des spectacles. Partagées entre le jour et la nuit, ces représentations ne sont pas portées par les mêmes émotions et intentions ; pourtant, quelques points communs troublants ressortent chez ces regardants, à travers les formes d’exhibitions (foraines, médicales ou mondaines) qu’ils initient. Si la violence de ces regards est aussi forte, c’est parce que le cinéaste fait exister le point de vue de la créature observée et nous sensibilise à sa peur en détournant notamment les codes du cinéma d’horreur. Néanmoins, John parvient à cacher sa peur, soucieux de se faire accepter dans le monde qui lui ouvre ses portes. Ce masque qu’il porte est peut-être ce qu’il partage le mieux avec la bonne société qui parvient à faire bonne figure devant lui.

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Montrer le monstre

 

Comment est présenté l’homme-éléphant ? Pourquoi David Lynch procède-t-il par étapes, par indices, pour introduire son personnage ? On pourra repérer les différents détails qui annoncent la présence de l’homme-éléphant avant même que nous le découvrions clairement. Au milieu des baraques foraines, plusieurs éléments visuels et sonores rappellent son histoire, racontée dans le cauchemar en ouverture. Quel effet produit sur le spectateur cette approche progressive et suggestive ? On pourra alors se demander si la première image nette, éclairée, de John relève d’une approche sensationnelle. David Lynch parvient-il à déjouer un certain voyeurisme ? Si oui, comment ?

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L’homme-enfant et le conte

 

Plusieurs éléments d’Elephant Man renvoient au conte, à commencer peut-être par la place occupée par John, comparable par instants à celle d’un enfant, et certaines illustrations accrochées au mur de sa chambre. La petite ritournelle composée par John Morris pour la bande originale du film évoque quant à elle une berceuse qui peut changer de tonalité et s’assombrir. À quels personnages types du conte renvoient les femmes du film, Jim le gardien et Bytes le « propriétaire » de John ? Quels passages du film nous renvoient à une forme proche du merveilleux ?

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Architecture

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La mise en scène de David Lynch attire notre attention sur des motifs architecturaux récurrents. Ceux-ci contribuent à nous donner une perception singulière, souvent oppressante, des scènes et font état de la situation de John. Omniprésents, les escaliers apparaissent à des moments clés du film, comme des marqueurs d’une certaine tension dramatique et de la manière étrange dont sont conçus certains espaces, comme celui de la deuxième chambre occupée par John à l’hôpital. D’autres motifs architecturaux s’impriment fortement à l’image, qui dessinent eux aussi un partage symbolique entre le bas et le haut, comme la maquette de l’église construite par John : en bas l’enfer, en haut le ciel prometteur d’une autre voie dramatique.
La plupart des éléments architecturaux font aussi écho au corps de John : son visage recouvert d’une cagoule évoque un oeil ou une bouche, mais aussi un mur percé d’une fenêtre. Par ailleurs, plusieurs composantes des décors agissent comme des mises en abyme du dispositif cinématographique : lumière, écran, spectateurs, montage.

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Aller plus loin

​

Oliver Twist (1948) de David Lean, DVD et Blu-ray, Filmedia.
La Mouche (1986) de David Cronenberg, DVD et Blu-ray, 20 th Century Studios.
Edward aux mains d’argent (1990) de Tim Burton, DVD et Blu-ray, 20 th Century Studios.
Nightmare Alley (2021) de Guillermo del Toro, DVD et Blu-ray, 20th Century Studios.

 

Un livre :
Mary Shelley,
Frankenstein ou le Prométhée moderne [1818], Folio SF, 2015.

 

Une bande dessinée :
Denis Van P.,
Joseph Carey Merrick, l’homme-éléphant, Sandawe, 2013.

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Transmettre le cinéma
Des extraits de films,
des vidéos pédagogiques, des entretiens avec

des réalisateurs et des professionnels du cinéma.
↳ https://transmettrelecinema.com/film/elephant-man

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La fin

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L'analyse de séquence

La vidéo pédagogique

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le Cravlor a demandé à Wilfried Jude, réalisateur,

de créer une vidéo autour du film

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Directeur de la publication : Dominique Boutonnat | Propriété : Centre national du cinéma et de l’image animée — 291 bd Raspail, 75675 Paris Cedex 14 — T 01 44 34 34 40 | Directeur de collection : Thierry Lounas |
Rédacteurs en chef : Camille Pollas et Maxime Werner | Rédactrice de la fiche : Amélie Dubois |

Iconographe : Mathilde Trichet | Révision : Capricci Éditions |
Conception et réalisation : Capricci Éditions — 70 rue de Coulmiers, 44000 Nantes — www.capricci.fr.

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