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My sweet pepper land

La suite

Lycéens et apprentis au cinéma 2024-2025

« Quand j'écrivais mon film, tout ce que je voyais me rappelait le Far West des westerns américains que j'aime :

les montagnes, les vallées sauvages et les villages parsemés dans les steppes.

D'anciens combattants sont devenus shérifs, certains mercenaires et d'autres businessmen. »
• Hiner Saleem

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Eastern contemporain

On a pu parler de My Sweet Pepper Land comme d'un « eastern », l'équivalent du western mais se déroulant à l'Est, en Orient. On y trouve en effet tous

les codes du genre : un village frontalier, une loi que le gouvernement autonome ne parvient pas à faire appliquer, un groupe de hors-la-loi faisant régner

la terreur et soudoyant la justice, l'utilisation d'armes à feu, des règlements

de comptes, la contrebande, une nature sauvage, un shérif incorruptible, enfin, une institutrice aux idées progressistes désireuse de faire évoluer les mentalités. D'autres images participent aussi du western : la présence

des animaux (en particulier des chevaux), la coiffe des personnages (chapeaux pour Baran et Reber et toque de fourrure pour Govend qui renvoie aussi bien

à l'Est qu'à l'Ouest), l'auberge Pepper Land aux allures de saloon... Sans oublier les maquisardes kurdes de Turquie qui évoquent, par leur courage et leur communion avec la nature, un clan d'indiennes. Si My Sweet Pepper Land fait ainsi renaître tout un folklore traditionnel qui renvoie à l'Ouest américain, d'autres éléments correspondent au monde contemporain comme

la kalachnikov ou le pick-up de Baran. La situation du Kurdistan

et des combattantes kurdes renvoie, quant à elle, à l'actualité. Contrairement

aux apparences, l'instrument de musique de Govend,
le hang, est contemporain. Ainsi le film joue sur l'ancien et le moderne pour raconter à travers des formes cinématographiques la naissance d'une nation.

Chevaux en furie

Les chevaux occupent une place importante dans My Sweet Pepper Land. Ils renforcent la dimension épique du film et son rattachement au genre du western. Une des scènes les plus spectaculaires se produit devant le commissariat de police, quand Govend, victime du rejet des habitants du village, vient voir Baran pour lui annoncer sa décision de partir. Les montures de Baran et de Reber attachées devant le bâtiment entrent soudain dans un combat fratricide, traduisant la tension palpable

dans l'air. En effet, à cet instant, Govend ignore encore que ses frères

sont arrivés au village pour vérifier si les rumeurs qui courent sur elle sont vraies. Si le combat des chevaux représente un moment marquant, c'est dû à la manière dont il est filmé. Le réalisateur cadre d'abord

les deux étalons qui se font face dans un plan rapproché.

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Aucun conflit n'apparaît encore entre eux. On entend leur respiration. Puis, brusquement le cheval blanc se met à charger le cheval noir qui lui rend ses coups. Les deux bêtes se dressent sur leurs sabots arrière. On remarque que les pattes des deux chevaux sont prises dans la corde qui

les rattache au pilier du commissariat. Témoin de la scène, Govend appelle Baran. Un gros plan montre son visage avec ses deux mains écartées comme pour calmer les bêtes. De manière surprenante, la scène marie les couleurs brunes et blanches, celles des deux chevaux mais aussi

du vêtement de Govend. Le retour à la sérénité, avec Govend au premier plan et, dans la profondeur, Baran et Reber qui calment leurs montures, s'inscrit dans cet équilibre des couleurs. Ce duel de chevaux annonce les deux scènes de confrontation qui éclateront, toujours devant

le commissariat, à la fin du film : entre Govend et ses frères, puis entre Baran et Tajdin (l'homme de main d'Aziz Aga).

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Le thème de Govend

Le thème de Govend interprété au hang, instrument de musique créé en Suisse en 2000 par Felix Rohner et Sabrina Schärer pour la société PANArt,

a été composé par l'actrice Golshifteh Farahani. C'est à travers le hang que

le personnage de Govend nous est présenté. Ses mains caressent l'instrument avant de commencer à jouer tandis que, dans un montage parallèle, on la voit défendre auprès de sa famille son choix de retourner enseigner à Qamarian et son refus d'épouser Taqyaddin. Si la sérénité

de la musique s'oppose à l'échange musclé qu'elle a avec son père et ses frères, le sourire qu'elle finit par afficher rejoint celui qu'elle arbore en jouant du hang. Govend joue à nouveau de l'instrument après une conversation téléphonique avec son père, cette fois-ci en extérieur et à la tombée de la nuit à Qamarian. Le son de la musique fait sourire Baran lors de sa promenade.

Si, dans les deux scènes évoquées, on peut parler de « musique d'écran » (elle est jouée par un personnage du film et les autres personnages peuvent l'entendre), le thème de Govend réapparaît ensuite à deux reprises, mais cette fois en tant que « musique de fosse » : la musique, dès lors, n'appartient

plus à l'univers fictionnel du film ; seuls les spectateurs peuvent l'entendre.

Cette réapparition du thème parachève le rapprochement entre Baran

et Govend : on l'entend ainsi lors de la nuit passée au commissariat, puis juste avant le générique de fin, annonçant ainsi la rencontre hors-champ des deux héros.

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