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My sweet pepper land

France, Allemagne, Kurdistan / 2013 / 95' / Fiction / Couleur / format 1.85

Lycéens et apprentis au cinéma 2024-2025

L'histoire

 

Au carrefour de l'Iran, de l'Irak et de la Turquie, dans le village de Qamarian, Baran, un officier de police nouvellement nommé, tente de faire respecter la loi. Cet ancien Peshmerga, combattant de l'indépendance kurde, doit désormais lutter contre Aziz Aga, le caïd local dont les hommes de main tiennent Qamarian en coupe réglée. Assisté de son adjoint Reber, Baran fait la connaissance de Govend,

une jeune institutrice qui a dû s'imposer au sein de sa famille pour enseigner à Qamarian. Elle est régulièrement prise à partie par les
hommes d'Aziz Aga qui lui reprochent d'introduire des idées nouvelles dans le village et de soutenir en secret les maquisardes kurdes. Désireux de se débarrasser de Baran comme de Govend, Aziz Aga fait circuler

de fausses rumeurs à leur sujet. Face à l'adversité, Baran et Govend s'unissent pour défendre le droit et la justice contre la loi féodale. Neuvième long métrage d'Hiner
Saleem, My Sweet Pepper Land est l'occasion pour le réalisateur d'offrir un portrait

du Kurdistan autonome après la chute

du régime de Saddam Hussein et le vote

de la constitution fédérale d'Irak en 2005. Sorti en salle en avril 2014, le film emprunte

la forme du western pour confronter la loi coutumière à la loi moderne.

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Fiche technique

Réalisation Hiner Saleem
Scénario Hiner Saleem, Véronique Wüthrich
En collaboration avec Antoine Lacomblez

Image  Pascal Auffray

Montage Sophie Reine, Clémence Samson, Juliette Haubois

1er assistant réalisateur Antoine Chevrollier

Son Miroslav Babic

Producteurs Marc Bordure, Robert Guédigian / Agat Films & Cie

Coproducteurs Roh Films (Allemagne),

HS Production (Kurdistan), Chaocorp Développement (France)

Distributeur France Memento

Avec 

Golshifteh Farahani Govend
Korkmaz Arslan Baran
Suat Usta Reber
Tarik Akreyî Aziz Aga

 

Du film à l'affiche

L'affiche de My Sweet Pepper Land met en avant le visage de l'actrice Golshifteh Farahani sur un fond

de paysage montagneux où apparaissent au loin, sur leurs chevaux, Baran et Reber. L'image, qui semble renvoyer à la scène de la rencontre entre l'institutrice et le nouveau commandant, est en réalité

une recomposition. En effet, dans le film, c'est du haut d'une colline que Baran croise pour la première fois
le chemin de Govend, et non le long d'une plaine comme ici. Une autre modification majeure tient

à la présence de Govend au premier plan, qui divise l'image en deux, séparant ainsi le commandant et son adjoint, alors qu'ils chevauchent côte à côte dans le film. L'affiche semble rapprocher Baran et Govend :
les yeux de la jeune femme sont en effet tournés vers la gauche, du côté du commandant ; Reber, quant à
lui, se trouve en retrait sur la droite. Si nous devinons l'histoire d'amour à venir entre Baran et Govend, nous
ignorons toutefois la place que doit tenir Reber dans le film. Représente-t-il une menace pour l'idylle entre la jeune femme et le commandant ? Nous pourrions le croire – à tort – à la vue de l'affiche.
L'exotisme du film est souligné par la chapka de fourrure de Govend, qui tranche avec le reste des éléments renvoyant tous au western : les chevaux, la terre sauvage, à la végétationrare et aux routes caillouteuses...

À la grisaille du décor s'opposent les rayons de soleil qui illuminent le sommet de la montagne. Associée au visage de Govend, cette éclaircie crée une aura autour de la jeune femme, trouant un ciel couvert voire ténébreux. Le titre, qui s'inscrit sur deux lignes, résume les différentes tonalités qui composent l'image :

« My Sweet » et plus bas « Pepper Land », séparant et mariant à la fois la douceur (la jeune femme, l'éclaircie) et l'austérité (le paysage rocailleux).

Itinéraire d'Hiner Saleem

Hiner Saleem est né le 9 mars 1964 à Akré dans le Kurdistan irakien, au sein d'une famille fortement engagée en faveur de l'indépendance kurde. Passionné par les images, il a très tôt l'ambition de réaliser des films dans sa langue maternelle. En 1980, à l'âge de 17 ans, il quitte l'Irak pour l'Europe. Il s'installe d'abord en Italie puis en France. Au terme

de la première guerre du Golfe en 1991, il retourne au Kurdistan pour tourner les images de son premier film,

Un bout de frontière. Mais les bombardements l'empêchent d'achever ce premier essai. Le cinéaste Gillo Pontecorvo, alors directeur de la Mostra de Venise, présente en 1992 ces images en tant que « film inachevé ». Cette présentation permet au cinéaste débutant de trouver les financements nécessaires pour son film suivant, Vive la mariée… et la libération du Kurdistan (1998). Hiner Saleem n'a dès lors cessé de tourner aussi bien en Europe qu'au Moyen-Orient. S'il est revenu à
plusieurs reprises sur la situation du peuple kurde à travers des oeuvres comme
Passeurs de rêves (2000), Vodka Lemon (2003), Kilomètre zéro (2005), Dol, ou la vallée des tambours (2006) ou Après la chute (2009), situé en Allemagne, il s'est aussi intéressé à des histoires intimes sur le thème de la solitude et de la vie parisienne. En témoignent par exemple le téléfilm Absolitude (2001) avec Hanna Schygulla, et Les Toits de Paris (2007) avec Michel Piccoli. À la croisée de ces deux univers, Si tu meurs, je te tue (2011) est la première collaboration du cinéaste avec l'actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani. Il la retrouve pour My Sweet Pepper Land qui marque également son grand retour dans le Kurdistan irakien.

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Gros plan

Le gros plan est l'un des premiers procédés utilisés dans le film. Dès la première image,

le visage du condamné à mort est filmé en gros plan. On le voit en pleurs, les yeux baissés, attendant d'être conduit à la potence. Peu de temps après, c'est Baran qui nous est présenté.

Le commandant s'avance vers la caméra avant de s'arrêter au premier plan, le visage grave

et fermé. D'emblée, nous sommes saisis par son regard. Avant même qu'il n'ait prononcé 

le moindre mot, il nous est présenté comme un homme intègre. L'officiel qui prend la parole

pour accueillir les représentants du pouvoir est également filmé en gros plan. Les différents personnages qu'il nomme (le juge, le médecin, le mullah1) sont filmés un à un selon le même procédé. Tous possèdent un attribut physique ou vestimentaire : le crâne rasé et les lunettes noires pour le juge, une fine moustache et les cheveux bouclés pour le médecin qui baisse les yeux

d'un air gêné, un fez pour le mullah qui récite une prière à voix basse. Seul Baran n'est pas nommé. Son hostilité à la peine de mort se retrouve sur son visage qui observe les autres participants.

Le gros plan révèle ainsi le caractère des personnages. Si le procédé occupe une place importante dans cette première séquence du film, il sera surtout utilisé par la suite pour magnifier le visage de Golshifteh Farahani. Qu'elle soit émerveillée  par le paysage de Qamarian, fatiguée, endormie, heureuse ou attristée, son visage passe  par toute une gamme d'émotions

que le gros plan permet de saisir.
1 Dignitaire musulman chiite.

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