
Midnight special
La suite
Lycéens et apprentis au cinéma 2021-2022
LUMIÈRES
Dans Midnight Special, la lumière est un peu plus que cette denrée élémentaire du cinéma,commune à tous les films.
Elle constitue ici, du fait du récit, un motif à part entière.
Alton est ainsi à la fois un personnage privé de lumière (les rayons du soleil pourraient le tuer), et son incarnation même.
Une scène importante le dit très clairement, au milieu du film, qui révèle aux autres personnages la véritable condition d'Alton. Guéri de son allergie mortelle, l'enfant retire les pans de carton qu'on avait fixés, pour le protéger, sur la fenêtre de la chambre du motel.
Il se retourne alors et, dans cette position, paraît être l 'émanation du rayon qui passe entre les cartons :
la fenêtre est comme un projecteur — et Alton, si l'on suit cette logique, devient la personnification du cinéma lui-même.
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Ce motif (un trait de lumière dessiné dans la pénombre) traverse tout le film. On le retrouve évidemment dans les rayons éblouissants qui surgissent parfois des yeux d'Alton, mais aussi avec les phares de la voiture lancée dans la nuit, ou encore avec la lampe de poche que l'enfant pointe
sur ses bandes dessinées pour lire dans le noir.
“Même si mes films parlent de la peur et partent des ténèbres, ils essaient de les percer par la lumière“, raconte Jeff Nichols.
Cela explique aussi pourquoi le film est envahi de ces petits halos lumineux que l'on appelle “lens flares“ et qui étaient monnaie courante
dans les films qui ont inspiré Midnight Special.
SUR LA ROUTE
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“La première image qui m'est venue était celle de deux types dans une voiture, lancés la nuit sur les routes du Sud, tous phares éteints
et à grande vitesse.“ Ce que Jeff Nichols décrit là, c'est le principe même de ce qu'on appelle le road movie.
Soit un film dont le récit épouse le rythme d'un voyage, généralement en voiture, et structuré autour de quelques passages obligés :
alternance de scènes en voiture et d'arrêts dans des motels ou des stations-service, scènes de poursuite, études de cartes, etc.
Pourquoi ce genre est-il si électrisant ? Pourquoi suffit-il en effet de “deux types dans une voiture“ pour faire un film ?
Peut-être parce que quelque chose dans ces films nous renvoie à l'essence même du cinéma.
Sur son siège, le spectateur regarde défiler les images sur l'écran comme les personnages regardent le monde défiler à travers une vitre
ou un pare-brise — les uns et les autres font le même genre de voyage immobile. Et la route qui défile à l'image n'est pas sans rappeler
le défilement de la pellicule dans le projecteur…