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Mélange des genres

La suite

Lycéens et apprentis au cinéma 2022-2023

Le conflit entre art et politique sur fond de pastiche historique

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L’Esprit du loup revient sur la nuit décisive qui décida le réalisateur Fritz Lang à fuir l’Allemagne nazie — après avoir refusé les rênes du cinéma allemand, récemment passé sous la coupe d’Adolf Hitler. Nous sommes en avril 1933, le parti national-socialiste est au pouvoir depuis quelques semaines seulement, et le chancelier du Reich a confié à Joseph Goebbels le soin de gérer la propagande du parti. Le jeune ministre croit plus que quiconque en la puissance de suggestion et de stupéfaction du cinéma, et cherche donc à s’offrir les services de sa figure la plus talentueuse — la plus adulée aussi : Fritz Lang, le réalisateur de chefs-d’oeuvre comme Metropolis (1927) ou M le Maudit (1931). Cette rencontre entre Lang et Goebbels a nourri de nombreux fantasmes et fut racontée pour la première fois par Lang en 1974. Tout en matérialisant cette anecdote mythique, L’Esprit du loup souhaite rendre un hommage esthétique au cinéaste qu’il met en scène. Ainsi le film est-il une reconstitution historique glissant volontiers vers une forme de pastiche — terme désignant le fait pour une oeuvre de s’employer à l’imitation d’une autre oeuvre, d’un artiste illustre ou bien d’un courant cinématographique. De la sorte, la mise en scène de L’Esprit du loup renoue avec les grands principes de l’expressionnisme allemand. Ce courant cinématographique des années 1920, dont Lang fut l’un des grands représentants, se caractérise par des décors et des lumières stylisés, qui viennent traduire l’état d’esprit souvent tourmenté des personnages. Au-delà des signes plastiques de reconnaissance (noir et blanc contrasté, jeux d’ombre, sophistication géométrique), l’expressionnisme de L’Esprit du loup tient à cette manière d’envisager les lieux comme des espaces mentaux, qui rejouent visuellement les enjeux psychologiques de l’histoire. Lang, figure toute-puissante que l’avènement des nazis fait vaciller, progresse d’abord à travers un couloir aux airs de labyrinthe, sans savoir exactement où il se rend — sans savoir non plus s’il pourra en sortir. Goebbels, figure trouble, l’accueille quant à lui dans un appartement à son image : raffiné mais sombre, comme coupé du monde. Chaque fois, le décor et son utilisation font donc sens, conférant quelque chose de violent à ce duel faussement policé entre un artiste et un politicien.

L'ESPRIT DU LOUP

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Fiche technique

2015, 18 minutes,

Allemagne, France, Suisse,

langue allemande
Format : 2:35:1 — Noir et blanc
Réalisation : Katia Scarton-Kim
Production : Bagan Films
Interprétation : Jochen Hägele (F. Lang),

Arndt Schwering- Sohnrey (Goebbels),

Gintare Parulyte (Gerda Maurus)

 

 

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La réalisatrice

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Après des études au Conservatoire National d’Art Dramatique de Lausanne, Katia Scarton-Kim travaille pour différentes compagnies théâtrales, entre la France et la Suisse, où elle joue Molière, Claudel, Racine, Musset, etc. En 2001, elle assume sa première mise en scène avec Suréna de Corneille. Elle passe à la réalisation de fiction en 2004 avec Kristal, et continue aujourd’hui de mener de front une triple carrière de comédienne, de metteuse en scène et de cinéaste.

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L'analyse de séquence

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