En liberté
La suite
Lycéens et apprentis au cinéma 2022-2023
À la croisée des genres
Comme son titre le laisse deviner, En liberté ! est un film qui s’affranchit avec bonheur des cadres et des codes. Son argument principal, ancré autour
de la vie d’un commissariat de police et d’un repris de justice retrouvant sa liberté, et son traitement, qui donne aux scènes d’action un ton comique, peuvent le rattacher à la comédie policière, genre qui fit les beaux jours du cinéma populaire. Structuré autour d’un chassé-croisé amoureux mettant
en miroir deux couples — Yvonne et Louis, Antoine et sa compagne Agnès —, le film est également pimenté d’un soupçon de comédie romantique.
Sa manière de travailler le comique est elle-même plurielle et mêle différentes approches : elle passe par des dialogues ciselés n’hésitant pas par instant à se faire poétiques, par une construction scénaristique accumulant les quiproquos et les situations les plus invraisemblables et par une invention visuelle qui fait tout le raffinement de la mise en scène de Pierre Salvadori.
Mais au-delà de ces divers croisements, c’est surtout le mélange des émotions que semble ici viser Pierre Salvadori :
un mélange de délire échevelé et de tendresse infinie qui fait toute la beauté de son cinéma.
Figures du double
En liberté ! est un film qui semble parfois pris d’un étrange bégaiement. Certaines scènes se répètent ou se dédoublent. Ainsi, Yvonne racontera à six reprises une histoire du soir à Théo, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. Un dangereux psychopathe essayera à plusieurs reprises de venir avouer ses méfaits au commissariat, sans succès. Les personnages se reflètent les uns dans les autres, comme s’ils étaient pris dans un jeu de miroirs. Une sortie de prison renvoie à une autre, tout comme un braquage de bijouterie répond à un autre. Cette prolifération des doubles est l’un des moteurs du comique d’En liberté !. Mais c’est aussi une belle invitation à réfléchir sur les liens entre la réalité et son reflet, la fiction, ainsi qu’à ceux existant entre des personnages qui, pris de culpabilité ou d’empathie, se reconnaissent dans l’autre au point parfois d’en prendre la place.